Incident des courriels du Climatic Research Unit

L'incident des courriels du Climatic Research Unit, plus souvent appelé Climategate, est une affaire résultant de la divulgation après un piratage, dans la seconde moitié du mois de , d'un ensemble de courriels et de fichiers, datés entre 1996 et le , attribués à des responsables du Climatic Research Unit (CRU) de l'université d'East Anglia et à leurs correspondants[1].

Ce centre de recherche est l'un des plus influents de ceux étudiant les changements climatiques naturels et anthropiques (réchauffement climatique) et nombre des correspondants concernés font partie de l'encadrement du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC)[2]. La divulgation des fichiers a eu lieu deux semaines avant le début du sommet de Copenhague[3],[4].

Le Climategate est décrit au moment des faits par certains media, souvent conservateurs, comme un des plus grands scandales scientifiques de notre temps[2],[5] et par d'autres comme un événement de peu d'importance[6],[7]. Pour les premiers, les courriels et fichiers du Climategate suggèreraient que les scientifiques du climat les plus influents dans le monde de la climatologie et du GIEC[8] auraient été coupables de graves dérives déontologiques[9], agissant de concert[10],[11] pour afficher un consensus de façade, manipuler les données ou leur présentation et ainsi exagérer le réchauffement climatique ou son interprétation, faire de la rétention d'information[12], interférer dans le processus d'évaluation par leurs pairs afin d'empêcher la publication d'articles divergents et détruire des courriels et des données brutes pour empêcher les audits indépendants. Les scientifiques directement mis en cause répondent que ces éléments, cités hors contexte, seraient en réalité bénins. De nombreux scientifiques[13] réaffirment leur soutien à la thèse du réchauffement climatique anthropique[14],[15]. En raison du moment où la divulgation s'est produite, des scientifiques, des décideurs politiques et des experts des relations publiques estiment qu'il s'agit d'une campagne de dénigrement destinée à affaiblir la conférence de Copenhague[16].

Fin , une enquête du Parlement britannique a conclu que le comportement de Philip Douglas Jones, le chef du CRU, était conforme aux pratiques habituelles du milieu scientifique, tout en invitant à plus de transparence à l'avenir[17]. Jones a aussitôt recouvré ses fonctions au sein du CRU dont il avait démissionné le . Le , une commission d'enquête indépendante, The Independent Climate Change Email Review[18],[19], a conclu à un faux scandale en réfutant une à une toutes les accusations et en affirmant, notamment à propos des scientifiques mis en cause, que « leur rigueur et leur honnêteté ne peuvent être mises en doute », tout en proposant plusieurs aménagements destinés à améliorer la transparence des travaux effectués[20],[21]. L'introduction de ce rapport précise que l'enquête porte sur « l'honnêteté, la rigueur et l'ouverture avec lesquelles les chercheurs du CRU ont travaillé », et « ne présente pas d'opinion sur la validité de leur travail scientifique », ajoutant qu'« une telle conclusion ne pourrait provenir que du processus de débat scientifique normal et non de l'examen de courriels ou d'une série d'entretiens sur la manière de procéder. »[21].

La commission qui a ainsi innocenté les auteurs des courriels en cause était présidée par Lord Oxburgh[22], qui a fait l'objet d'une enquête du Lords Commissioner for Standards pour n'avoir pas révélé certains de ses intérêts dans l'industrie des énergies vertes alors qu'il proposait des mesures légales imposant la réduction des émissions de CO2[23].

Fin , près de 5 000 courriels datant d'avant 2009, récupérés en même temps que les précédents mais non diffusés, ont été publiés sur un serveur russe. Michael E. Mann, directeur de l'Earth System Science Center de l'université d'État de Pennsylvanie, a confirmé qu'il pensait que les messages qui lui étaient attribués étaient bien de lui, mais qu'on les avait isolés de leur contexte pour leur donner une apparence répréhensible[24].

  1. (en) Jonathan Leake, « The great climate change science scandal » The Sunday Times, 29 novembre 2009
  2. a et b (en) Christopher Booker « Climate change: this is the worst scientific scandal of our generation », Telegraph.co.uk, 28 novembre 2009.
  3. (en) Lawrence Salomon Climategate gang is writing the script for Copenhagen National Post, 7 décembre 2009
  4. (fr) Stéphane Foucart, Les courriels de climatologues divulgués pour les discréditer, Le Monde, 23 novembre 2009
  5. (en) James Delingpool The final nail in the coffin of the anthopogenic gloabal warming Telegraph.co.uk 20 septembre 2009 14h00
  6. (en) « Hacked climate e-mails awkward, not game changer », Timothy Gardner, Reuters, 23 novembre 2009.
  7. (fr) « Vrai ou faux "climategate", à la veille de Copenhague ? », Stéphane Foucart, Le Monde, 1er décembre 2009.
  8. (en) « Understanding Climategate: Who’s Who – a video », Anthony Watts, sur Wattsupwiththat.com, 28 novembre 2009.
  9. (en) Steven F. Hayward, « Scientists Behaving Badly », The Weekly Standard, 14 décembre 2009 (traduction)
  10. (en) Climate sceptics claim leaked emails are evidence of collusion among scientists, Guardian, 20 novembre 2009
  11. (en) « Climategate: Warmist conspiracy exposed ? », blog d'Andrew Bolt, hébergé par HeraldSun.com.au, 20 novembre 2009.
  12. (en) Andrew C. Revkin, Hacked E-Mail Is New Fodder for Climate Dispute, New York Times, 20 novembre 2009
  13. (en) Scientists Rally to Defend Global Warming
  14. (fr) « Climategate : des leaders scientifiques américains se fâchent », blog de Sylvestre Huet, Sciences2, 10 décembre 2009.
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  16. Winter, Brian (25 November 2009) "Scientist: Leaked climate e-mails a distraction". USA Today. Retrieved 12 May 2011. "A controversy over leaked e-mails exchanged among global warming scientists is part of a 'smear campaign' to derail next month's United Nations climate summit in Copenhagen, one of the scientists, meteorologist Michael Mann, said Tuesday...Climate change skeptics 'don't have the science on their side any more, so they've resorted to a smear campaign to distract the public from the reality of the problem and the need to confront it head-on in Copenhagen' said Mann"; Feldman, Stacy (25 November 2009). "Hacked climate emails called a "smear campaign". Reuters. Retrieved 15 May 2011. "Three leading scientists who on Tuesday released a report documenting the accelerating pace of climate change said the scandal that erupted last week over hacked emails from climate scientists is nothing more than a "smear campaign" aimed at sabotaging December climate talks in Copenhagen"; Carrington, Damian; Suzanne Goldenberg (4 December 2009). "Gordon Brown attacks 'flat-earth' climate change sceptics". guardian.co.uk. Retrieved 15 May 2011. "On the eve of the Copenhagen summit, Saudi Arabia and Republican members of the US Congress have used the emails to claim the need for urgent action to cut carbon emissions has been undermined...The concern for some of those attempting to drive through a global deal is that the sceptics will delay critical decisions by casting doubt over the science at a time when momentum has been gathering towards a historic agreement...'The sceptics have clearly seized upon this as an incident that they can use to their own ends in trying to disrupt the Copenhagen agreements,' said Bob Watson, Defra chief scientist and former head of the Intergovernmental Panel on Climate Change"; Fimrite, Peter (5 December 2009). "Hacked climate e-mail rebutted by scientists". San Francisco Chronicle. Retrieved 12 May 2011. "A group of the nation's top scientists defended research on global climate change Friday against what they called a politically motivated smear campaign designed to foster public doubt about irrefutable scientific facts...'They have engaged in this 11th-hour smear campaign where they have stolen personal e-mails from scientists, mined them for single words or phrases that can be taken out of context to twist their words and I think this is rather telling,' Mann said"; Carrington, Damian (28 October 2010). "IPCC vice-chair: Attacks on climate science echo tobacco industry tactics". The Guardian. Retrieved 13 May 2011. "The attacks on climate science that were made ahead of the Copenhagen climate change summit were 'organised' to undermine efforts to tackle global warming and mirror the earlier tactics of the tobacco industry, according to the vice-chair of the Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC)... 'It is a very similar process to what the tobacco industry was doing 30 or 40 years ago, when they wanted to delay legislation, and that is the result of research – not my subjective evaluation – by Prof Naomi Oreskes and Erik Conway.' Oreskes, a science historian at the University of California San Diego, told the Guardian she agreed with Van Ypersele's that the attacks on climate science were organised: 'Many of us were expecting something to happen in the run-up [to Copenhagen]. When it happened, the only thing that surprised me was that, compared with the events we documented in our book, the attacks had crossed the line into illegality.'"
  17. Climategate : Phil Jones blanchi
  18. (fr) « Retour à Google Actualités - Un "Climategate" fait des vagues à la veille du sommet de Copenhague », sur www.google.com (consulté le )
  19. ICCE.
  20. (fr) Comment le faux scandale du Climategate s'est dégonflé.
  21. a et b (en)[PDF]cf. Rapport final de l'Independent Climate Change Email Review
  22. David Adam, « Scientists cleared of malpractice in UEA's hacked emails inquiry », The Guardian, 14 avril 2010, en ligne.
  23. Rapport du Parlement britannique livré à l'impression le 9 décembre 2013, consultable sur le site du Parlement; David Rose, « The great green con: MPs, Lords and lobbyists who advise Ministers on eco policies... then cash in », Daily Mail Online, 14 décembre 2013, en ligne; communiqué de presse du Parlement britannique, 16 décembre 2013, reproduit sur le site noodls. La Commission conclut que Lord Oxburgh a commis une irrégularité, mais ne recommande pas de sanction.
  24. (en) « Fresh round of hacked climate science emails leaked online »,

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